vendredi 4 mars 2016

À mon fils



Mon fils, quand tu es né, je suis née aussi. 

Tu es né juste après que j’aie avoué à la sage femme et à Patrick que j’avais peur… de mourir.

Quand j’ai dit ça, la sage-femme m’a fait un sourire tout tendre, avec un petit « Ohhh… ». 

Elle savait que tout allait bien.

Et c’est là que j’ai senti que c’était vrai, que tu allais bel et bien naître. Parce que jusque là, je n’y croyais pas une seconde. Les sages-femmes me racontaient des histoires. Cette naissance n’allait jamais aboutir. J’allais souffrir jusqu’à la fin des temps ou y laisser ma peau.

Quand j’ai accepté que j’y laisserais peut-être ma peau, tu es arrivé. C’est pas merveilleux, ça?

Dans ton grand calme, tu es né, et en moi est montée une grande force. Je venais de soulever une montagne. Littéralement. C’est l’image qui m’est venue : Moi, avec une montagne à bout de bras.

En naissant, tu as pris une partie de moi. Une grosse bouchée. Mais pas juste noire, pis pas juste blanche. Tu as pris « moitié pas bon », « moitié bon ». 

Tu m’as transformée.

J’espère que la maman qui est née en moi t’apporte ce dont tu as besoin pour t’épanouir. Et si ce n’est pas le cas, je vais continuer toute la vie de me transformer… pour te voir éclore.


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