samedi 30 mai 2015

J’ai pas changé


Pourtant, ça fuse de partout. 

Ma mère qui me dit : « Je pensais pas que t’étais aussi sportive ».

Mes amis qui commencent leur phrases par : « Depuis que tu t’entraînes… »

Et moi, dans tout ça, un peu confuse.

J’ai toujours été sportive et j’ai toujours eu soif de performer (que ce soit en sports, à l’école ou en arts). L’esprit athlétique, ça se traduit dans plusieurs sphères de la vie, c’est un trait de personnalité, je crois. Comme l’esprit scientifique. Tu l’as ou tu l’as pas. Je me trompe peut être, remarquez… peut-être que c’est une chose qui s’acquiert aussi… mais dans mon cas et chez beaucoup de personnes que je connais, notamment des acteurs, c’est intrinsèque.

Enfant, j’étais aux cours de danse, puis aux cours de plongeon 5 jours par semaine. À la visite de ma nouvelle école, en 5e année, ma mère avait même dit au prof d’éduc que je voulais aller aux Olympiques. Hum… ça m’avait pas mal intimidée. Puis finalement, je n’étais pas une assez bonne plongeuse.

Ensuite il y a eu l’école de théâtre, à coups de 3 heures de danse par jour, notre tenue quotidienne étant collants roses et léotard.

Plus tard, j’ai commencé le kung fu. J’y étais jusqu’à 5 fois par semaine.

Puis après la grossesse, j’étais aux cours de remise en forme avec bébé de 3 à 4 fois par semaine!

J’aime ça, bouger! Je pourrais passer ma journée au Belgo, à alterner entre yoga, kung fu et un p’tit snack en bas. Je pourrais dormir au gym sur un lit de camp dans le vestiaire (ce qui serait bien pratique parfois).

J’ai toujours été active! Alors quand les gens de mon entourage me parlent de mon
« virage », je me sens comme… eh bien c’est difficile à dire… je ne sais pas comment je me sens, mais c’est comme si la Sophie d’avant était pour eux une autre personne...

Moi je sais ce qui a changé.

Ce qui a changé, c’est que j’ai choisi de m’entourer. 

Je ne m’entraîne pas pour l’apparence. Je trouve que s’entraîner dans ce but est futile et non durable. « Un ventre plat pour l’été », « prête pour la plage » et autres expressions du genre me font grincer des dents et me donnent le goût de sacrer. 

C’est certain, tout le monde veut un beau body, moi y compris, mais le body pour moi est un bonus, pas une fin en soi. Je suis persuadée que de s’entraîner pour l’apparence est le meilleur moyen de payer un abonnement de gym dans le vide.

Reste que, le jour où j’ai décidé d’aller chercher de l’aide, j’avais du poids à perdre. Question de santé. Je faisais de l’embonpoint, carrément. Mais on s’entend : c’est clair que mon estime de moi en mangeait un coup aussi, et que je voulais aussi perdre du poids pour l’apparence… tricky, hein?

Comme une dépressive qui décide (par elle-même) d’aller chercher l’aide d’un psychologue, je me suis tournée vers un kinésiologue. Et c’est venu de moi. Aide-toi toi-même. Si vous connaissez des gens autour de vous qui ont un criant besoin de faire de l’activité physique, vous savez comme moi que de leur répéter sans cesse qu’ils devraient donc bouger ne donne rien. Ça doit venir de soi. Le meilleur moyen, je crois, pour amener quelqu’un à bouger est de l’inspirer… pas de lui faire des sermons… mais je m’égare et c’est un autre sujet.

Donc. C’est venu de moi, je me suis pris un entraîneur. 

Avec lui, j’ai découvert que les activités physiques que je faisais avant étaient : 1) pas assez variées, 2) pas assez intenses. Je me souviens du jour où mon entraîneur Maxime m’a dit « Bienvenue dans le monde de l’entraînement par intervalles à haute intensité ». OUF! 

Quand on s’entraîne par soi-même, c’est difficile de savoir jusqu’où on peut pousser, que ce soit en matière de cardio ou de poids qu’on peut soulever. On a souvent peur de se blesser… et il y a aussi le facteur paresse. Quand on est seul, on ne pousse pas autant que quand il y a quelqu’un à côté de nous pour nous faire faire LA dernière répétition payante qu’on n’aurait pas fait sinon.

Puis il y a le facteur constance. Mon entraîneur me fait un plan. Je fais mes devoirs. Je me rends au gym par moi-même deux fois par semaine pour faire mon programme personnel parce que… il m’attend, lui, au prochain rendez-vous! Je me suis fait dire une fois : « Ouain… ça paraît que t’es venue juste une fois la semaine passée… ». On me l’a dit juste une fois, celle-là.

Ensuite, la confiance. Je me souviens d’une séance avec Maxime, où on a testé ma force. Il m’a fait soulever les charges maximales que je pouvais soulever à ce moment pour finir par me dire : « Pis? Je commence tu à te donner confiance en toi? ». La réponse était oui. Ce jour-là, j'ai soulevé 200 lbs. Ça te booste une confiance en soi.

Enfin. Le droit de rêver toujours plus haut. Ça, ça s’est traduit en course à pied avec Nicolas. J’ai décidé de m’inscrire à son club de course en prévision de mon premier demi-marathon. Ça va faire bientôt un an que je m’entraîne avec lui. Il me fait courir toujours plus vite. Bien sûr, plus je progresse, moins ça progresse vite… mais quelle progression depuis août dernier! Nicolas m’a fait battre des records plus d’une fois! Je pense notamment à la fois où il m’a fait battre mon record sur 1 km… 20 secondes plus rapide que mon ancien record… 4 fois de suite!!!

Alors oui, je me permets de rêver grand. Je me permets de croire que je peux aller faire un trail de 22 km sur le mont Albert dans un mois, et peut-être même me classer assez bien parmi les femmes de ma catégorie. WHY NOT? 

Ben non, j’irai pas aux Olympiques. C’est pas une raison pour ne pas aller chercher le meilleur en moi. Être encadrée me permet de pousser ma machine fort sans la briser. En deux ans, je n’ai jamais été blessée, et même si je l’avais été, mon entraîneur aurait trouvé le moyen de me faire faire autre chose et m’aurait aidée à ma remettre de ma blessure.

Alors oui, en quelque sorte, j’ai changé. Physiquement, certes, mais j’espère de tout cœur que les gens qui m’entourent ne s’arrêtent pas uniquement à ce changement physique. 

J’ai gagné de la confiance en moi, j’ai appris que les seules limites qu’ont nos rêves sont celles qu’on leur impose. 

Au fond de moi, je vous le dis, je suis restée la même. J’ai pas changé.

Je me suis dévoilée… et maintenant, je veux partager.






vendredi 22 mai 2015

Lettre jamais envoyée à mon amie Audrey



Lettre jamais envoyée parce que voyons, ça a pas de bon sens, je ne peux pas dire ça. 

On dit quoi à quelqu’un victime d’un grave accident ou encore touché par une maladie grave quand cette personne nous ramène sur Terre, quand elle nous inspire à arrêter de nous apitoyer sur notre sort et à prendre notre courage à deux mains? La personne souffre… et nous on grandit par elle… ça me dépasse. 

Je ne peux pas dire à mon amie, qui s’est fait passer sur le corps par un dix roues : 
« Merci Audrey ». 

Ben non. Voyons! Je ne peux pas lui dire « Merci Audrey, grâce à toi, j’ai commencé à courir ».

Crisse, non. VOYONS DONC.

Ça pourrait me prendre des jours, des années avant d’écrire les bons mots. Mais c’est aujourd’hui que j’aurais envie de les trouver… C’est que je ne comprends pas tout à fait ce que je ressens. Tout ce que je sais, c’est qu’Audrey devrait savoir. Enfin.

Comment dire à quelqu’un qu’on aime à quel point le martyre qu’elle a enduré, sa ténacité, sa force… nous a inspiré?

J’ai commencé à courir pour toi. Pour que tu retrouves tes jambes. Parce que moi j’en avais et que les tiennes étaient en bouillie, j’ai ramassé toutes les raisons que j’avais de ne pas courir pour les lancer au bout de mes bras. 

Au début, tu étais dans le coma. Le crâne et le ventre ouverts. Je courais avec toi, je courais dans ta tête, tu vivais dans mes jambes.

J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour toi. 

Audrey ne se plaint jamais. Audrey assure. Résiliente. Battante. Intransigeante. SOURIANTE.

Il ne faisait aucun doute que tu sortirais victorieuse de cette épreuve. Tu as simplement continué d’être toi.

Avec le temps et beaucoup de persévérance, tu as réussi à marcher de nouveau. 

Je n’ai pas été présente physiquement à tes côtés, mais j’étais là… je ne savais simplement pas comment réagir… quoi dire… encore aujourd’hui j’ai peur de ne pas dire les bons mots.

Audrey, je ne dis pas merci à la vie de t’avoir fait vivre cette horreur sans nom. 

C’est que la bataille que tu as livré a magnifié ta grandeur et ta beauté, qui rayonnent aujourd’hui sur tant de personnes… comme un rayonnement radioactif… ça durera encore longtemps. 

Alors simplement, je dis merci à la vie de t’avoir fait entrer dans la mienne. Ta force a donné naissance à mes jambes de coureuse. Et elles n'ont pas fini de courir.

Un jour, si tu veux, on ira courir (physiquement) ensemble.


samedi 9 mai 2015

La dernière longue

 Lire, écrire, courir... c'est pareil.
Geneviève Lefebvre

PROLOGUE

Une longue course, c'est comme aller au théâtre.

Aller au théâtre, c'est aller à un rendez-vous. On se prépare chez soi pour sortir pendant que les acteurs se maquillent, se réchauffent. On ne sait pas ce qui nous attend. Quand on sort du théâtre, on est parfois déçu, parfois transporté...

Une longue course c'est pareil.

Surtout la dernière longue avant un événement officiel. C'est comme la générale. La dernière longue est toujours spéciale et c'est comme ça que j'ai abordé celle d'aujourd'hui : un rendez-vous avec... ?

ACTE I

Première surprise : je suis obligée d'arrêter ma musique en entrant dans le cimetière parce que les oiseaux chantent trop fort. Le silence des morts, les oiseaux, ma respiration. 

Je suis là parce que j'ai décidé de faire un détour pour voir mon Gingko biloba, pour aller prendre un peu de son énergie et pour voir quelles fleurs poussent à ses pieds aujourd'hui. 


Dévier de l'itinéraire dans l'espoir inavoué de me perdre un peu. Pas trop. De toute façon, sur le Mont-Royal, c'est impossible de se perdre. Il y a toujours quelque chose pour te rappeler que tu n'es pas bien loin des voitures.

Rejoindre l'itinéraire initial, se retrouver à une croisée des chemins encore jamais vue à ce jour, choisir le chemin le plus sûr pour cette fois.


Puis comme une bénédiction, cette chanson pour descendre le chemin de la Tour de l'Université de Montréal.


Sur un high (évidemment), apercevoir au loin l'Oratoire et avoir envie d'aller monter les escaliers, mais se raviser sagement. Ça sera pour une autre fois. Combien de fois me suis-je tiré dans le pied en déviant trop de l'itinéraire prévu? Du calme, du calme. Va ton chemin.

ACTE II

Nouvelle entrée dans le cimetière. 

Je passe à côté d'un arbre dont une immense branche est cassée, par terre. Pas coupée. Cassée.

Je vois passer le gros corbeau de la Mort avec quelque chose dans le bec. Le vrai charognard, là.

Cette branche n'a pu casser que parce que quelqu'un s'y est pendu.


Beaucoup de gens sont là pour planter des fleurs sur la tombe de leurs mères. Mais qu'est-ce que je fais ici, moi, en train de célébrer la vie à plein poumons? 


Je cherche la sortie, mais tous les chemins semblent vouloir m'éloigner de mon but.

ACTE III

Chemin Olmsted. Ouf... ahhhhh... je respire. Je lis « chemin Olmsted » comme je lirais « Montréal » sur une pancarte verte au retour d'un long voyage.

Je suis en terrain connu, me sens chez moi. Soulagée.

Je croise deux voitures de police, gyrophares allumés. Ils ont dû trouver « le mort ». 

Bon. Les pompiers. Décidément, c'est grave, ce qui se passe là-haut.

J'arrive en bas. Tout d'un coup : la faim.

Avec toute cette histoire que j'ai écrite dans ma tête en courant, j'ai oublié de prendre le gel que j'avais apporté. Je serai à la maison dans 15 minutes, inutile de le prendre maintenant... mais la fatigue me prend... j'hésite.

Non. Je ne le prends pas. Rien que pour voir. Rien que pour voir si je vais mourir.


ÉPILOGUE

Je pense à Diana Nyad qui, partie de Cuba à la nage, a enfin aperçu les lumières de Key West au loin. Plus que 15 heures de nage. « Si vous saviez combien de fois j'ai fait 15 heures de nage en entraînement », qu'elle dit.

Pas morte. Pas morte pantoute. Bien vivante au contraire. J'arrive à destination envahie d'une nouvelle énergie.

Je voudrais continuer.

Mais je dois m'arrêter.

Il faut que j'aille écrire.

Lire, écrire, courir... un jour ça devient un acte en trois dimensions.







mardi 5 mai 2015

L'action dissipe le doute

Attendre d'en savoir assez pour agir en toute lumière, c'est se condamner à l'inaction.
Jean Rostand

J'ajouterais que s'empêcher de prendre une décision parce qu'on a peur de changer d'idée, attendre que les conditions parfaites soient réunies, craindre de commettre des erreurs et faire preuve d'un orgueil mal placé, c'est également se condamner à l'inaction.

Les conditions parfaites ne sont jamais réunies. Le meilleur exemple qui me vient à l'esprit est l'arrivée d'un enfant. Le plus souvent, l'enfant arrive quand on s'y attend le moins. On jongle avec sa présence à venir, on réaménage notre présent et notre futur proche.

MAIS l'anticipation gâche notre présent.

Dès que nous sommes dans l'action et que la formule trouvée fonctionne, on commence déjà à penser à comment on va s'arranger pour que ça fonctionne encore cet hiver, quand notre horaire va changer, quand le petit va aller à l'école...

On va s'adapter. En temps et lieu. Ces pensées obscurcissent le plaisir du moment présent... qui nous file alors entre les doigts.

***

La semaine dernière je me suis inscrite à un marathon. La semaine d'avant je n'avais aucune envie d'en courir un. Quelqu'un a semé dans ma tête l'idée que j'en serais capable. J'ai eu envie d'essayer.

Pourquoi réfléchir pendant des mois sur la question de courir ou non un marathon quand dans mon cœur j'ai envie de le faire? Oui, ça va être difficile. Et oui, ça se pourrait que je doive abandonner en plein milieu de ma course, si ça tourne mal.

Je m'en fous. J'ai envie d'essayer et c'est tout ce qui compte. Comment savoir si j'en suis capable sans me mouiller?

Et je me fous éperdument de ce que penseront les autres si j'échoue. De toute façon, il n'y a pas d'échec qui tienne pour celui qui daigne se jeter dans l'arène.

***

La semaine dernière j'ai également commencé à courir pour me rendre au travail le mercredi et le jeudi. Ça demande de l'organisation dans les bagages et je n'étais vraiment pas certaine d'avoir mis les bonnes choses dans les bons sacs, quand je suis allée porter ce qui devait rester au bureau, le mardi soir.

Je ne savais pas non plus si la course du jeudi matin, pour me rendre à mon club de course au gym allait me brûler.

Mais comment savoir sans l'essayer?

Résultat : Ma carte de gym et ma carte de crédit étaient dans le mauvais sac, et je suis arrivée super réchauffée et éveillée le jeudi à mon club de course. J'adore mon expérience et je l'adopte.

 ***

Quiconque a envie d'essayer quelque chose de nouveau devrait se lancer... et s'adapter en chemin.

T'as envie de te mettre à courir, mais t'as pas les bons souliers? Commence avec ceux que t'as. Tu verras d'abord si t'aimes courir! T'as l'envie, t'as les pieds. GO.

Et si tu décides de ne pas passer à l'action, c'est tout simplement parce que l'envie n'est pas assez forte.

C'est aussi simple que ça.

Le message qui m'attendait coin Jeanne-Mance/Sherbrooke jeudi matin!





dimanche 3 mai 2015

Playlist fonctionnelle – Printemps 2015

J'adore courir avec de la musique et je suis toujours à la recherche de nouvelles chansons qui deviendront la trame sonore de ma vie de coureuse. Telle chanson me rappelle la côte que j'ai montée un soir d'hiver, l'autre le départ d'une course avec mon fils. Une autre chanson m'a apaisée au milieu d'un demi-marathon, une autre encore m'a fait pleurer en dévalant Camilien-Houde...

Je partage avec vous ma trame sonore du printemps 2015... Évidemment, vous remarquerez que j'ai quelques fixations, mais c'est toujours comme ça quand je suis dans un trip musical, j'écoute en boucle jusqu'à l’écœurement (qui n'arrive pas toujours).

J'espère que vous pourrez m'en piquer une ou deux : à moi, elles me font du bien en tout cas!

Pour se réchauffer en s'imaginant avec un bandeau en ratine, une permanente et un léotard rose : I'm So Excited – The Pointer Sisters (le vidéo est À VOIR! Je ne peux pas choisir mon bout préféré : les lunettes fumées dans le bain ou la table renversée)


Pour commencer une course : The Golden Age – Woodkid (ma découverte de ce printemps, cet homme a trop de talent! Ne pas écouter seulement le début!)


Pour monter une côte : Superstar – Lauryn Hill


Pour récupérer/quand ça va mal : Can't Take My Eyes Off of You – Fugees


Just to Keep Going : Jimmy James – Beastie Boys


Pour éviter de ralentir : Forgive Them Father – Lauryn Hill


Pour la deuxième moitié d'un 5k : Killing Me Softly With His Song – Fugees


Et ça vaut la peine d'écouter la version originale que je viens de découvrir!


Pour dépasser plein de monde : Get it Together – Beastie Boys


Et je viens de découvrir cette version aussi, j'adore!


Pour faire des sprints/s'entraîner dans des escaliers : Run Boy Run – Woodkid


Pour descendre une côte : Iron – Woodkid


Le Kick du 15e kilomètre : Give it Away – Red Hot Chili Peppers


Quand t'es écœuré : Ricky's Theme – Beastie Boys


Pour arriver à destination : I Love You – Woodkid (WOW! J'adore TOUTES les chansons de l'album The Golden Age... et les vidéoclips sont super... quel univers FOU!)



Et vous? Que mettez-vous dans vos oreilles pour courir? Je veux de la nouvelle musique pour mon marathon!!!