vendredi 22 mai 2015

Lettre jamais envoyée à mon amie Audrey



Lettre jamais envoyée parce que voyons, ça a pas de bon sens, je ne peux pas dire ça. 

On dit quoi à quelqu’un victime d’un grave accident ou encore touché par une maladie grave quand cette personne nous ramène sur Terre, quand elle nous inspire à arrêter de nous apitoyer sur notre sort et à prendre notre courage à deux mains? La personne souffre… et nous on grandit par elle… ça me dépasse. 

Je ne peux pas dire à mon amie, qui s’est fait passer sur le corps par un dix roues : 
« Merci Audrey ». 

Ben non. Voyons! Je ne peux pas lui dire « Merci Audrey, grâce à toi, j’ai commencé à courir ».

Crisse, non. VOYONS DONC.

Ça pourrait me prendre des jours, des années avant d’écrire les bons mots. Mais c’est aujourd’hui que j’aurais envie de les trouver… C’est que je ne comprends pas tout à fait ce que je ressens. Tout ce que je sais, c’est qu’Audrey devrait savoir. Enfin.

Comment dire à quelqu’un qu’on aime à quel point le martyre qu’elle a enduré, sa ténacité, sa force… nous a inspiré?

J’ai commencé à courir pour toi. Pour que tu retrouves tes jambes. Parce que moi j’en avais et que les tiennes étaient en bouillie, j’ai ramassé toutes les raisons que j’avais de ne pas courir pour les lancer au bout de mes bras. 

Au début, tu étais dans le coma. Le crâne et le ventre ouverts. Je courais avec toi, je courais dans ta tête, tu vivais dans mes jambes.

J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour toi. 

Audrey ne se plaint jamais. Audrey assure. Résiliente. Battante. Intransigeante. SOURIANTE.

Il ne faisait aucun doute que tu sortirais victorieuse de cette épreuve. Tu as simplement continué d’être toi.

Avec le temps et beaucoup de persévérance, tu as réussi à marcher de nouveau. 

Je n’ai pas été présente physiquement à tes côtés, mais j’étais là… je ne savais simplement pas comment réagir… quoi dire… encore aujourd’hui j’ai peur de ne pas dire les bons mots.

Audrey, je ne dis pas merci à la vie de t’avoir fait vivre cette horreur sans nom. 

C’est que la bataille que tu as livré a magnifié ta grandeur et ta beauté, qui rayonnent aujourd’hui sur tant de personnes… comme un rayonnement radioactif… ça durera encore longtemps. 

Alors simplement, je dis merci à la vie de t’avoir fait entrer dans la mienne. Ta force a donné naissance à mes jambes de coureuse. Et elles n'ont pas fini de courir.

Un jour, si tu veux, on ira courir (physiquement) ensemble.


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