vendredi 28 août 2015

Sans la peur je ferais rien

« Mon chéri, je sais que ma face te le dira pas pis que tout a l'air de bien aller, mais ça va pas... je suis malheureuse dans mon travail. Je peux pas m'imaginer faire ça encore 25-30 ans ».

Une bombe venait de tomber.

***

Je viens de passer une longue période au cœur de ma montagne, dans ma caverne, et là, je sors la tête à l'extérieur pour voir si c'est correct, pour voir si je peux sortir. J'ai médité, j'ai mijoté, j'ai évalué mes peurs, les possibilités. J'ai avancé d'un pas, reculé d'un autre et dansé un petit cha-cha jusqu'à l'entrée de ma caverne. Je m'y étais enfouie juste à la fin mars. Il y a exactement 5 mois. Au moment où je me suis mise à écrire ce blogue.

La veille d'écrire mon tout premier billet, j'ai ouvert mon cœur à mon amoureux. Le premier pas de mon cha-cha. Parce que juste de verbaliser la petite boule que je traînais et que je gardais en dedans depuis des mois, c'était déjà toute une épreuve.

Bon. Ok. C'est dit, mais c'est pas fait! Changer de carrière à 37 ans, un enfant à faire vivre, une job au gouvernement fédéral avec tous les avantages sociaux qui viennent avec... ouf.

Et Patrick me demande : « Ok. Dans ton rêve, là, tu ferais quoi? Ce serait quoi le big picture? Mets-toi pas de limite. »

Glurp. J'ai un nœud dans la gorge! Pas capable de le dire, pas capable de le formuler! Pourtant je le sais très bien, ce que je veux!

J'ai les mains moites, ça me stresse d'avouer à mon conjoint que je veux refaire ma vie et que ça a le potentiel de nous mettre dans la merde financièrement, mais que, si je fais pas ce changement de carrière, je vais mourir d'ennui, le corps criblé de varices.

« Je voudrais... faire du sport tout le temps. Je voudrais aider les autres, je voudrais être kinésiologue ».

OUF! Ayoye. Un autre bacc. Je sais le travail que ça représente. J'assure à Patrick que je ferais mes études à temps partiel, quitte à ce que ça prenne 10 ans, mais que je ne nous mettrais jamais dans une position difficile financièrement (on a eu notre lot, ces dernières années).

Patrick me dit :  « Ok. On va briser ça en 5 grandes étapes. On commence par l'étape 5 ».

Puis on a décomposé le cheminement possible de mon changement de carrière comme ça, à rebours.

« Mais là, va falloir que je me fasse un plan, que j'écrive tout ça! »

« Non non non non non. Si ton plan est pas assez clair pour tenir sur une napkin, c'est pas un bon plan. »

J'adore mon mari.

***

Depuis ce fameux soir de mars, je mets à exécution le fameux plan en 5 étapes... il a changé un peu depuis, mais pas tant que ça. Je dirais que je l'ai élagué. Il s'est simplifié. Ce que je trouvais compliqué se décomplique. J'ai trouvé des solutions... et à mesure que je pose des gestes concrets, des réponses viennent à moi.

Là, je suis admise à l'UQAM pour suivre à l'automne un cours préalable.

Et plus j'avance vers mon but, plus mon but avance vers moi... je sens (enfin) que je me trouve à MA place dans la vie... le plan se réalise plus vite que je le pensais! Je suis rendue à l'étape 3... et je peux déjà envisager l'étape 4!

J'ai peur, c'est certain. Une troisième carrière... j'ai surtout peur de réaliser au bout de 7 ans que je suis encore malheureuse dans mon travail et que je cherche le bonheur professionnel en vain. Mais je sais que cette peur n'est pas rationnelle et que ce n'est que la blessure d'avoir échoué dans le passé qui vient me narguer.

À cette peur, je dis FUCK OFF! DÉGAGE! 

Je passe à l'action. Je ne resterai pas assise dans ma chaise de bureau à me morfondre sur des « j'aurais dû ». Il me reste encore plusieurs années de femme active (travailleuse). Et pour le moment, ce qui m'allume, ce serait justement de travailler avec des femmes et des hommes qui vieillissent et qui pensent que c'est fini à 50 ans, qui pensent qu'ils ne peuvent plus bouger, plus réaliser de rêves. Pour le moment, c'est ça. Mais je vais voir en étudiant et en travaillant. Quand j'ai commencé mes études en traduction, je voulais faire de la traduction cinématographique. Finalement, j'ai détesté ça. Je fais de la traduction scientifique!

Ainsi va la vie qui va!

Mes amis, allez-y, foncez! La vie est trop courte! Osez rêver grand, et passez à l'action! Les seules limitations sont celles qu'on s'impose soi-même. C'est Bruce Lee qui le dit, pis Bruce Lee, y'a toujours raison. Entourez-vous des gens qui vous aiment et qui croient en vous, aimez-les et laissez-les libres à leur tour! C'est comme ça, je pense, qu'on peut accomplir de grandes choses!

Mes amours me donnent des ailes!





mercredi 26 août 2015

Tu n'es pas un long fleuve tranquille

Quand ton calendrier est vide, tu danses
Mathieu Leroux

Je pense beaucoup à toi, Mathieu. Tous les jours. 

Aujourd'hui je pensais au fait que j'aimerais tant t'aider à retrouver ta mobilité. Je me disais « il faut qu'il danse ». Tu aimes tellement danser. Alors moi, je t'ordonne de danser tous les jours. C'est ma pop-prescription à moi.

Je sais que ces derniers jours, tu en avais marre qu'on te dise que tu progresses, que ça va bien. C'est vrai, je comprends. Je comprends qu'il y ait des jours où tu n'as pas envie d'être un fighter. Je dis ça et je me trompe peut-être, peut être que je ne pige absolument rien à ce que tu vis... il me semble pourtant tout à fait normal d'avoir des périodes creuses et d'avoir besoin de les vivre jusqu'au fond. Fighter dans le tapis 7 jours sur 7, personne le fait. Même full mobile, y'a au moins une journée par mois où j'ai envie d'envoyer chier le monde, une journée où j'ai peur, une journée où je braille ma vie, une journée ou je perds la foi, une journée où je doute... pis à travers tout ça, y'a les mardis plates « comme un trottoir de rue », y'a les jours où je ris, où je m'emballe, où je fighte... y'a les jours où je danse. Pour toi c'est pareil. T'as aucune obligation d'être égal. Surtout pas dans un lit d'hôpital. Personne est égal tous les jours.

Faque non, c'est pas vrai. Je me suis trompée. T'as pas besoin de danser tous les jours... mais ça serait bien que tu danses dès que t'en as envie, même si c'est plusieurs fois par jour, même si t'as pas de musique, même si c'est juste la danse du petit doigt. 

Je suis pas médecin, je dis ça juste parce que je me dis que ton cerveau doit envoyer le message à ton corps le plus souvent possible que tu veux bouger! C'est peut-être naïf, je ne sais pas, mais moi, ça me semble logique!

Je sens que tout ce que dis est maladroit. Tu vois, c'est un jour de doute. La seule chose dont je suis certaine c'est que je t'écris ces mots avec tout mon amour.

Continue d'avoir tes hauts et tes bas, continue de te frustrer quand on te comprend pas, continue de danser.

Tout a changé et rien en même temps. Tu es toujours toi. Faut juste continuer. Une seconde à la fois.


mardi 25 août 2015

Pour ton premier marathon

Photo : Vincent Brault

Tu cours depuis longtemps. Depuis si longtemps que je ne sais même pas quand tu as commencé. Tu cours longtemps depuis longtemps. D’aussi loin que je me souvienne, tu courais déjà loin loin, sans te demander jusqu’où tu étais allée.

Un jour tu as décidé que tu voulais savoir combien de kilomètres tu avais couru. Tu as réalisé l’ampleur de ton effort. Tu as commencé à participer à des courses, et même à gagner… toi-même époustouflée d’en arriver là.

Nous, tes amies, on était toutes pâmées. Elle court aujourd’hui? Par cette chaleur? Elle court un demi-marathon avant notre 5 à 7? Mais oui, elle court toujours. On était de moins en moins étonnées de te voir aller, sans toutefois cesser de t’admirer.

Puis tu nous as entraînées une à une dans ta course, nous sommes devenues un troupeau d’amies coureuses. Je me suis mise à courir beaucoup, longtemps. Tu m’as dit de précieuses choses que je n’ai pas tout de suite comprises. Les chiffres qui allaient devenir mes meilleurs amis, les courses solitaires dont le souvenir allait me faire brailler pendant mon premier demi… les émotions toutes mélangées que nous apporte la longue distance.

Aujourd’hui tu cours encore (ça fait partie de toi). Tu cours avec tes deux enfants. Parce que c’est une nécessité, parce que le grand aime te suivre… et le petit aussi, fort probablement… et souvent parce que c’est ça ou rien. Tu cours unplugged parce que c’est là où jamais, tu sors de chez toi en trombe pour avoir la certitude de pouvoir courir chaque minute complète de la liberté qui t’es allouée, là, pas tantôt. En leggings turquoises, échevelée, attaquée par les chiens, happée par l’orage. Rien ne t’arrête.

Je dis tout ça et je ne dis rien, je dis ce que je vois et ce que j’entends.

Dans quelques jours, tu auras la liberté de courir aussi longtemps que tu le veux, et peut-être même un peu plus. Et même si la vie a fait en sorte que tu n’as pas pu courir autant que tu l'aurais voulu ces derniers temps, je te dis ça, et ça vaut ce que ça vaut : moi je crois en toi! Je te dis ça pour que tu le croies, toi aussi. 

Ton entraînement de marathon, c’était pas un plan sur 12 semaines, c’était un plan sur 12 ans! Ça fait 12 ans que tu t’entraînes pour ce marathon. Ce moment est à toi et toi seule. Garde jalousement ton enthousiasme d’ici-là, ne laisse rien ni personne amoindrir ton excitation.

Pour ce qui est de courir, tu sais ce que tu as à faire. J’aimerais pouvoir te dire plein de jokes, plein de trucs, plein de ci, plein de ça, mais l’affaire c’est que je ne sais pas. Je ne peux même pas imaginer ce que tu vas vivre, pendant ces quatre heures! 

Mais je serai là pour t’attraper, si jamais t’as besoin de tomber.

Et j’aurai des biscuits, surtout.

Bon vent, ma sœur!

You're Unbelievable!


samedi 1 août 2015

Un nouvel équilibre

J'ai travaillé fort les 2-3 dernières années pour atteindre un certain équilibre. Manger assez, bouger assez. Atteindre un poids santé et le maintenir. Être à la fois assez forte et assez légère pour soulever mon propre poids. L'équilibre n'a pas été atteint rapidement. Il ne dépendait pas non plus uniquement de mon entraînement. L'équilibre a été atteint en instaurant de nouvelles habitudes de vie... pour la vie! Pas juste pour un an!

S'entraîner, c'est bon, mais il faut que ça s'inscrive dans une habitude « pour la vie ». Par exemple, j'ai commencé par ne plus prendre les escaliers roulants et à ne plus m'asseoir dans le métro, j'ai réduit ma consommation de certains aliments (sans m'en priver complètement). Je suis allée graduellement en intégrant des changements que je savais être capable de tenir à long terme. Pour toujours.

À un certain point de mon cheminement, pour perdre du poids et atteindre mon objectif d'équilibre, j'ai dû compter les calories : celles que je dépensais et celles que je consommais. C'est plate en maudit, calculer ainsi, mais ça aide à comprendre nos besoins, à reconnaître la vraie et la fausse faim, à comprendre la différence parfois sournoise entre nos impressions et la réalité.

Quand j'ai trouvé la formule gagnante, j'ai adopté une routine. Plus besoin de calculer. Mon entraînement était sensiblement toujours le même. Mon déjeuner était carrément toujours le même... puis un jour, je suis passée de l'autre côté du miroir. Plutôt que de chercher à dépenser assez pour ce que je mangeais, je me suis mise à tâcher de manger assez pour ce que je dépensais.

Là aussi, j'ai dû apprendre ce qui fonctionnait et ce qui ne fonctionnait pas, et j'ai trouvé une formule gagnante de repas et de collations.

Depuis un an, mon poids fluctue de 2-3 lbs. J'ai atteint l'équilibre. Je soulève mon propre poids. Je peux enfin commander des vêtements en ligne parce que je connais ma taille! C'est un détail qui peut sembler insignifiant, mais quand notre taille fluctue sans cesse, se vêtir est tout un exploit! Et ça finit par coûter cher!

Ce qui est merveilleux, et là où je veux en venir avec tout ça, c'est que, dans tout ce processus, sans m'en rendre compte, je suis parvenue à me créer comme un baromètre interne.

Je me suis blessée il y a un mois. J'ai dû réduire de beaucoup mon entraînement. Je suis passée de 12 à 5 heures d'entraînement par semaine, et d'environ 25 à 5 km de course par semaine. Pourtant, je maintiens mon poids, mon équilibre. Sans calculer.

Des changements profonds se sont opérés en moi. Je suis plus l'écoute de mon corps, je connais mieux mes besoins, et je sais reconnaître les excès...

Comme le dirait mon amie Véronique, « c'est pas magique ». Cette nouvelle sensibilité est le fruit de beaucoup de travail. Mais le fait de réaliser que mon baromètre est profondément ancré en moi me donne de la confiance.

La confiance de savoir que je ne retournerai jamais dans un état où je ne serai pas en harmonie intérieurement et extérieurement.

2015

2012