dimanche 12 avril 2015

(Bienvenue dans ma bulle)



Je suis un être fondamentalement social... et solitaire!

La course, pour moi, est un moment de profonde méditation. Quand je cours, les nœuds de mes préoccupations emmêlées se défont, de nouvelles idées surgissent, ce qui semblait urgent peut soudain attendre. Comme si je m'éloignais de moi pour regarder ma vie en perspective. Les idées ne surgissent pas sous forme de mots ou de phrases claires, ce sont souvent des images, des états... comme si je voyais tout à travers un prisme qui rend tout plus clair.

Mais pas tout le temps, hein. Je ne suis pas l'incarnation de la béatitude, quand même. Comme tout le monde, ça m'arrive de me faire chier (et étrangement, ces moments sont les plus mémorables, mais ça c'est un autre sujet).

Enfin. J'aime courir seule, j'ai besoin de ces moments de solitude.

Puis j'aime aussi courir avec les autres. Je suis toujours en mode recrutement de compagnons.

Oui, j'aime courir avec les autres.

Mais pas à tout prix. Ça non.

Je ne laisse pas n'importe qui entrer dans ma bulle! Et je ne veux pas entrer dans la bulle de tout le monde!

J'aime courir avec les autres quand s'installe naturellement un respect mutuel de la bulle de l'autre. Quand la conversation n'est pas obligatoire. Quand le silence est juste parfait. Confortable. Pas besoin de parler. Rien de pire que de se faire poser une question à développement dans une côte.

Mon meilleur partenaire de course, il court plus vite que moi. À un certain point de notre parcours, c'est tacite, on sait où. Il se retourne, je lui envoie la main et il décolle. Il m'attend en haut de la côte Peel. On fait le chemin du Serpentin ensemble, puis sur le chemin Olmsted, il repart. Il est toujours pas trop loin (je me souviens d'une fois où il est revenu sur ses pas, je ne me sentais pas bien, il faisait trop chaud... il m'a juste demandé si je voulais qu'on continue ou qu'on s'en retourne... pas besoin de dire grand chose d'autre...). On redescend par le sentier de l'Escarpement, on accélère ensemble puis on finit ensemble. On ne parle pas. On ne dit que l'essentiel. Par là? Non, par là. Ok. Ça va? Oui oui. On continue? Oui oui.

C'est parfait comme ça.

J'aime aussi jaser, je ne suis pas sauvage à ce point! Mais il faut que le moment soit choisi, sinon mon interlocuteur se heurte à un silence en guise de réponse ou, si j'ai assez de souffle pour dire les mots, à un « je vais te répondre tantôt ».

Je me souviens de profondes confidences faites dans une descente, et ce, plus d'une fois et en compagnie de différentes personnes. De beaux moments où la confiance va de soi. Ces moments sont très précieux.

Bon. On est quand même pas toutes les semaines en crise existentielle, mais je veux dire que les conversations en fin de course sont rarement superficielles... je ne voudrais pour rien au monde me priver de ça.

J'aime donc être avec les autres pour ces raisons, mais j'aime par dessus tout qu'on soit seuls, ensemble, ou plutôt, ensemble dans une bulle double, triple... harmonieuse... je ne sais pas si j'exprime bien ce que je veux dire... J'aime courir avec les autres pour le moment présent partagé... avec ou sans les mots.

***

Je ne compte plus le nombre de personnes aux côtés de qui j’ai sillonné le Mont-Royal. Dans la brume du printemps, dans la chaleur écrasante de l’été, dans les grosses côtes qui tuent, sur la glace, dans la neige folle, dans la slush jusqu’aux chevilles juste pour se rendre à la Croix…

Parfois on se quitte au coin d’une rue, d’autres fois ça continue sur ma terrasse jusqu’aux petites heures. Dans tous les cas, c’est un moment de qualité.

Amis coureurs, tant que vous n’essaierez pas d’entretenir une discussion avec moi quand vous voyez que je frôle le fushia, je vous invite dans ma bulle.

Vous savez que je suis toujours partante.

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