lundi 30 mars 2015

Ma première course à obstacles (partie II) – les cordes


Mon corps oscille à je ne sais pas combien de pieds dans les airs. Il n'y a pas seulement moi de suspendue à cette corde sans nœuds... il y a le temps, puis il y a Marlène et Marilyn, qui me regardent d'en bas en retenant leur souffle. Une pluie fine tombe, tout est silencieux. J'ai réussi à me hisser au trois quarts de la corde. À petites doses. Trop lentement. Je m'agrippe. Je veux me rendre en haut, je suis si près du but. J'ai les lèvres qui virent au bleu, d'après ce que me disent les filles après... ça fait trop longtemps que je suis immobile dans la corde. L'inertie est trop dure à vaincre et je me suis épuisée... j'abandonne. J'amorce ma lente descente. Les larmes me montent au yeux. Je l'avais presque!

Nous n'en sommes pas à nos premières émotions. Cinq minutes avant, Dieu sait ce qui aurait pu arriver à Marlène, qui a eu la chance de s'en tirer avec une éraflure. Alors qu'elle devait contrôler la descente d'un poids qu'elle avait fait monter à l'aide d'un système de poulie (et avec force cris), la corde a glissé de ses mains et s'est enroulée autour de sa jambe. Et dire que, quelques secondes avant, alors que le poids était presque arrivé en haut, Marlène avait demandé : « c'est beau là? », et moi j'avais répondu : « Nooooon!!! Y t'en manque un peu!!! ». J'étais là, collée sur elle juste avant que la corde lui glisse des mains. Je me disais pile sur la corde pile sur la corde pile sur la corde!... puis enfin je me suis dit non, elle ne veut pas d'aide, ne fais rien ne fais rien ne fais rien...

Ssssccccchhhhhhhhhhllllllllllllllllllllakkk!

Le mal était fait. La blessure, qui s'est infectée une semaine après, n'a pas empêché Marlène la magnifique de poursuivre sa course.

Nous étions parties cinq, environ 30 minutes plus tôt, sans promesse de nous suivre. Nous avons d'abord gravi la montagne dans la boue jusqu'au chevilles, jusqu'aux genoux, jusqu'aux cuisses... J'ai tendu la main à un gars pris dans la boue. C'était tout naturel, tout le monde s'aidait. La pluie tombait droite. Un orage au loin. Aucun vent. Nous étions dans la forêt dense, la brume partout. Moment surréel. On se serait cru dans la forêt amazonienne. Dans la brousse en plein film de guerre. Annie et Isabelle étaient maintenant derrière, et nous formions un petit noyau de trois, Marlène, Marilyn et moi.

C'est ensemble que nous gravissons le mont Tremblant pendant ce qui me semble être un éternité, en suivant le serpentin humain qui s'étire à l'infini après chaque tournant. Le soleil est maintenant sorti, il fait chaud, mais la brise est bonne, d'en haut.

Et nous n'avons AUCUNE IDÉE des émotions qui nous attendent dans la descente.


Cette vidéo a été tournée le jour de notre course. À 1:57, on voit Marilyn dans la corde (coin inférieur gauche)







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