mardi 31 mars 2015

Le projet (pas) commun


S'il y a une chose qu'on ne partage pas à la maison, c'est bien la passion du sport.

Chez nous, le « projet commun », c'est « vivre ensemble ». Point. Et c'est tout un projet. Élever un enfant, entretenir une relation harmonieuse et saine, c'est pas mal commun, comme projet, je trouve.

J'aime m'entraîner. Si je le pouvais, je ne ferais que ça.

Patrick, lui, il aime dessiner, et puis il aime les chiffres. 
Moi la sportive, lui l'intello.

Nos passions, on ne les partage pas! Et c'est très bien comme ça!


Ok. J'avoue. Dans mes rêves les plus fous, Patrick va se réveiller un matin et me dire qu'il veut courir avec moi. Et si ça n'arrive pas? Tant pis! À moi, toute la gloire familiale! Parce que je le sais : s'il se met à courir, le p'tit maudit, y va me faire suer avec son pas leste et léger. À moi, la course!

L'entraînement prend donc énormément de place dans ma vie, et j'ai souvent peur d'ennuyer Patrick à cause de ça. Que ce soit par mon absence ou par mes sujets de conversation.

J'ai des craintes, mais pas trop. Je me sens coupable, mais pas tant.

Prendre du temps pour soi, avoir une passion à soi, indépendante de la vie de couple. Me semble que c'est important.

Et pourtant, quand je sors le soir pour mon cours de kung fu, quand je pars pour une longue course d'une heure et demie le samedi, quand je ne suis pas là le jeudi pour la routine du matin... il m'arrive de me sentir égoïste. C'est plus fort que moi.

***

Alors voilà. J'ai décidé de lui demander ce que ça lui faisait, tout ça.

Entrevue avec mon gentil mari.

Ça t'a fait quoi quand j'ai commencé à m'entraîner sérieusement?

Patrick : Je ne me rappelle pas du moment où tu as a commencé a t'entraîner
« sérieusement ». Peut-être quand tu as commencé à parler de la Spartan Race? Je n'ai toujours pas l'impression que tu t'entraînes « sérieusement », tu as du fun à le faire. Ça me fait plaisir de te voir aller et t'emballer, surtout de partager cette passion et cette flamme avec tes amis.

Je m'entraîne une dizaine d'heures par semaine, je m'efforce vraiment de faire en sorte que mes entraînements ne perturbent pas la vie familiale... ça te fait quoi que je sois absente un ou deux matins et deux soirs la semaine, en plus de ma longue sortie de course la fin de semaine?
 
Patrick : Ton horaire d'entraînement ne pose vraiment aucun problème! Tu es tellement consciente de ta famille. On se passe le bâton très bien, on communique bien, on s'appuie mutuellement... Je trouve tout cela franchement bien normal comme vie de famille!

As-tu l'impression que le fait qu'on ne partage pas cette passion de l'activité physique nous éloigne l'un de l'autre?

Patrick : Peut-être que si cette passion se résumait par les détails en surface, ça pourrait nous éloigner. Mais je vois ta passion comme quelque chose de plus profond et de bien plus intéressant que ton pace ou la marque de tes souliers. Je te l'ai souvent dit: en soi, je trouve la course le sujet le plus boring de l'histoire! Mais je trouve le sujet de ton évolution et ton désir de te surpasser passionnants. Je t'aime pour la vie, et la vie veut dire une évolution constante.

Trouves-tu que je m'entraîne trop?

Patrick : Non, pas vraiment. Je dirais que j'ai des petits soucis de temps en temps, j'ai peur que tu ne te reposes pas assez. Tant que l'entraînement te donne de l'énergie et alimente ta passion, vas-y fort!

***

J'en suis consciente : j'ai un partenaire de vie extraordinaire, et je me demande sérieusement si notre couple tiendrait la route si la liberté et l'espace qu'on se laisse l'un l'autre n'étaient pas au rendez-vous.

Nous sommes mutuellement heureux de nous voir évoluer... Chacun sa vie, puis la vie ensemble. C'est si facile de se perdre et de finir par s'effacer dans une relation de couple...

Ma prof de yoga prénatal a dit un jour une phrase que je n'oublierai jamais : « Ce qui nous fait du bien fait du bien à tous ceux qui nous entourent ».

Je me la répète souvent, celle-là.




2 commentaires:

  1. Quel couple inspirant!!! :D J'ai toujours des inquiétudes face au temps personnel que je veux... surtout que j'ai décidé d'être mère à la maison... donc à toutes les fois où j'ai besoin de m'occuper de moi, juste moi, j'ai l'impression de manquer à ma job de mère... pis je le sais que c'est con et pas logique... juste un feeling que j'ai. Faut vraiment que je m'occupe de ma tête et de mon corps mieux que ça là. Merci ;)

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    1. Bonne chance Juliette! Souvent, les limites qu'on s'impose sont dans notre tête... et pas nécessairement dans la tête de notre conjoint!

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