C’est envahie d’un immense sentiment d’imposture (que j’essaie
tant bien que mal de faire taire) que je prépare mes vêtements et mon matériel
pour le marathon du lendemain. Je ne suis pas entraînée
spécifiquement pour courir un marathon, et j’ai décidé de parcourir la distance
avec mon fils en poussette. Comme ça, bing bang, je décide ça trois semaines
avant l’événement. J’avais mon dossard pour le marathon depuis longtemps, mais
à cause d’une blessure survenue cet été, j’avais décidé de courir le
demi-marathon à la place… et là, comme ça va beaucoup mieux et que je n’ai
pas encore fait modifier mon dossard… Quand une idée de fou germe dans mon
esprit, il est déjà trop tard. Ce germe devient rapidement une obsession et je
ne peux plus reculer. C’est mon carburant… peut-être une hormone que je sécrète
en trop grande quantité, je n’en sais rien… c’est ce qu’on pourrait appeler ma drive, j’imagine…
Je m’emballe, mais le sentiment d’imposture revient sans
cesse. Déshonneur. Non seulement je me lance dans cette épreuve sacrée sans
avoir souffert les entraînements de fou qu’elle exige, mais je vais la
compléter en 6 heures, peut-être plus. Je suis pire que Oprah. Je vais entacher
l’événement. Je vais marcher plus souvent qu’à mon tour. Je vais même carrément
m’arrêter, parfois. Pas capable de me contenter de courir le maudit 42,2 km,
faut que je me complique la vie encore une fois en m’armant d’une poussette et
d’un petit garçon de presque 4 ans pour qui la notion du temps est encore
fragile…
Malgré ce sentiment de ne pas être à ma place, un autre
sentiment, plus fort, prend le dessus… mon goût de l’aventure. J’ai vraiment
envie d’essayer. Je veux voir comment on va s’en tirer, mon fils et moi,
comment on va traverser les bouts difficiles, comment on va faire, sans s’entre-tuer,
pour parcourir ces 42,2 km. Je fais donc la paix (temporairement) avec mon sentiment
d’imposture en abordant l’épreuve non pas comme un marathon, mais comme une
épreuve d’endurance, point. Je n’ai peut-être jamais couru plus que 23,5
kilomètres, mais j’ai déjà complété des épreuves d’endurance difficiles d’une
durée de plus de 5 heures. Ma tête sait que je peux y arriver. Mon cœur veut à
tout prix vivre cette folie… reste à faire suivre la machine. Ma montre Garmin
ne fait pas partie du matériel que j’apporterai avec moi le lendemain. Et puis,
je me dis… mais qu’est-ce que j’enlève aux autres en prenant ce départ, moi
aussi? Je vais partir à 6 h, au départ non officiel, car je sais que je
prendrai plus de temps.
Je prépare donc mon matériel, et l’ampleur de la chose me
saute aux yeux. C’est déjà stressant de préparer mon propre stock. Faut pas
oublier les gels, la musique, le dossard, les tites épingles, les gourdes, car
je n’aurai pas de ravitaillement avant la mi-parcours, vu l’heure de mon départ…
puis il y a le stock de Philip. Des vêtements chauds, une couverture, de la
nourriture en quantité exagérée, préparée de manière à limiter les déchets… un
sac en plastique pour mettre les déchets, mais qui finira par avoir une toute
autre utilité cruciale… Ouf, je regarde la montagne de matériel, et je doute…
je ne doute pas de ma capacité de relever le défi…
Je me demande simplement si
je suis saine d’esprit…
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